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L’éducation financière : interview de Damien Adam député de Seine-Maritime

May 28, 2024
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L’éducation financière : interview de Damien Adam député de Seine-Maritime

Damien Adam, le député de la première circonscription de Seine Maritime et membre de la commission de développement durable et d’aménagement du territoire depuis 2022 a accepté de nous recevoir afin de parler d’éducation financière. La version podcast de cette interview est d’ores et déjà disponible sur Spotify et Youtube mais également dans la section dédiée de notre site internet.

Investally a signé la lettre EDUCFI adressée à Gabriel Attal et Nicole Belloubet mais vous aussi. Pouvez-vous nous dire quelles ont été vos motivations derrière cette signature ?

Avant d’être député je travaillais dans une banque du territoire normand donc j’ai une éducation financière assez importante. Je constate tous les jours que les sujets de finance et de gestion d’un budget ne sont pas toujours maîtrisés. Alors que c’est très important dans sa vie quotidienne et pour comprendre les enjeux collectifs. J’ai été le rapporteur d’un projet de loi sur l’industrie verte notamment la partie financière. J’ai pris la parole concernant la création d’un nouveau produit d’épargne pour les mineurs qui va arriver dans quelques semaines qui financera notre transition écologique en France, dans des entreprises, des capitaux ou encore des projets pour mener à bien cette transition. J’ai constaté à quel point on avait d’efforts à faire en termes d'acculturation des citoyens à la gestion financière et aux produits financiers. Y compris les conseillers bancaires, sur le terrain, leurs connaissances sont à parfaire. Ils connaissent très bien l’assurance vie, le livret A etc. mais sur d’autres produits d’épargne qui sont plus intéressants pour notre économie et qui permettent d’investir dans notre économie réelle, ils les connaissent moins donc le conseillent moins aux citoyens. Finalement, pas assez d’argent est orienté vers ce qui fait vivre l’économie de notre pays, pour créer des emplois, des produits, de la recherche et du développement.

Vous êtes axés sur les jeunes, acteurs de demain. Un des changements majeurs lié à l’éducation financière est le passeport EDUCFI, mis en place à la rentrée dernière. Il est donné à tous les élèves de 4e au collège qui ont suivi une formation de 2h. Quels sujets sont abordés et dans quelles conditions ?

Il s’agit d’une introduction aux sujets d’éducation financière, pour comprendre certains mécanismes de fonctionnement de l’économie : comment s’occupent les dépenses, les recettes, comment situer un budget, comment réfléchir à ses dépenses. C’est le premier pas d’éducation financière pour qu’ils puissent comprendre quand ils sont adultes et autonomes comment tout cela s’articule et comment cela fonctionne.

Ils abordent la gestion du budget, l’apprentissage des outils bancaires et d’assurances, il y a la nécessité de comprendre les notions économiques et la gestion des finances personnelles. Comment gérer ses dépenses et son épargne. Ce sont des sujets importants avec des mots qui font peur il est essentiel de l’aborder à un âge où peut-être de l’argent de poche commence à arriver.

Oui totalement c’est essentiel de pouvoir gérer son budget, comprendre quelles sont ses dépenses, ses recettes et la capacité à épargner tout en se faisant plaisir pour pouvoir investir dans l’avenir et réaliser des projets tels que l’achat d’un scooter, d’une voiture, d’une maison. Il est important d’avoir déjà de l’argent de côté avant de pouvoir contacter une banque et demander un prêt. C’est pour cela qu’avoir des cours d’éducation financière est important dès le collège.

A la fin de l’intervention un quizz est passé par les élèves pour connaître leur niveau. En parlant de niveau, une récente étude organisée par la Banque de France a donné la note de 12,45/20 de moyenne pour le niveau d’éducation financière aux français, nous situant dans la moyenne européenne. Quelle est votre réaction face à cette note ?

Le score n'est pas surprenant même s’il est plus haut que ce à quoi je m’attendais. Je m’attendais à ce que ce soit autour de 10/20, on est au dessus des 12, les français sont plus au courant que ce que je pensais. Mais on voit qu’il y a encore des efforts à faire. C’est important parce qu’au quotidien, on doit gérer un budget, vivre sa vie et gérer les dépenses. C’est important d’avoir une très bonne connaissance de ces sujets là justement pour savoir là où je dois mettre mon argent, dans une épargne, quelles dépenses contraintes (loyers, remboursement de prêt…) existent, quelle part du budget je peux allouer aux loisirs. Pour les dépenses contraintes, il est important de les surveiller et de vérifier comment elles évoluent pour ensuite savoir combien et comment épargner. Il est essentiel d’avoir toujours un minimum d’épargne de côté pour faire face à des imprévus, y compris les bonnes nouvelles comme un départ en vacances!

Comment faire pour améliorer ce score ?

Auprès des nouveaux publics, il faut les acculturer à ces sujets, donc leur expliquer comment ça fonctionne. Mais pas que, on sait que les personnes en précarité financière, ce sont en majorité des personnes qui ne savent pas gérer un budget et pour faire face aux problèmes de surendettement, y compris pour leurs besoins primaires c’est la mauvaise gestion d’action qui peut être en cause. Les acteurs sociaux interviennent justement sur ces questions et peuvent les aider à lutter contre certaines addictions, qui participent à ces problèmes financiers.

Y compris dans une situation où je souhaite changer de travail mais que le bénéfice de salaire est inférieur aux dépenses contraintes liées à ce nouveau travail, il faut s’assurer d’être gagnant sur le long terme et ne pas se retrouver en difficulté à cause de cette nouvelle situation. Cela fait également partie de l’éducation financière. C’est ce qui distingue une vie faite de plaisirs et une vie avec uniquement des contraintes. Malheureusement, il n’y a pas de recette miracle pour tout ça mais pour beaucoup de jeunes, s’ils n’ont pas suivi de cours de sciences économiques et sociales, ils n’ont pas eu les apprentissages de base. Toute initiative est bonne à prendre, par la presse, les médias spécialisés, les réseaux sociaux… il faut informer le plus grand nombre. En tant que parlementaire, on est amenés à expliquer les enjeux d’endettement pour les pays par exemple, les problématiques des crédit immobiliers tous les sujets financiers à l’échelle de l’État mais qui sont les mêmes que pour les citoyens au final. C’est important qu’ils le comprennent à échelle individuelle pour comprendre les enjeux collectifs des finances publiques. C’est important également parce que ce sont leurs impôts qui financent l’éducation, la sécurité sociale, l’assurance chômage, l’armée, la police, la justice… Tout le monde y participe, y compris votre conseiller de banque qui est le plus proche de vous pour améliorer vos finances.

Chez Point ETF et Investally on se concentre sur les ETFs, qui sont des paniers d’actions qui permettent d’accéder à la bourse en limitant les risques et en profitant de frais largement réduits. On est persuadé que si les français s’éduquaient sur la finance, les ETFs etc. ils auraient moins peur et agiraient de façon concrète sur leur budget. On voit un attrait de plus en plus fort sur ces questions et on pense qu’il est possible de faire mieux.

Il y a un point auquel je suis attentif surtout depuis la commission sur l’industrie verte, qui est l’aversion au risque. Les français, plus qu’ailleurs, investissent sur l’immobilier qui est un produit considéré comme sûr historiquement et qui est concret contrairement à une action et les produits réglementés du type livrets, assurance vie. C’est important de rappeler qu’il existe d’autres produits comme les ETFs ou les actions mais qui sont plus risquées, votre capital n’est pas garanti il est important de le rappeler. Mais puisque le risque est plus important, la rémunération peut être plus importante, mais ce n’est pas toujours le cas.

On fait généralement la distinction entre salarié et actionnaire mais les salariés peuvent être actionnaires. Ils pourront profiter des dividendes qui rémunèrent la prise de risque des actionnaires pour avoir cru en l’entreprise. En général, à long terme, la bourse est plus rémunératrice que les produits réglementés, à condition de ne pas retirer l’argent au mauvais moment. Il faut arriver à comprendre le produit sur lequel on investit, ce qui peut être le sujet avec les ETFs. Mais les ETFs permettent de gommer les risques que l’on prend si on choisit d’investir dans une seule entreprise qui peut subir différents événements qui font que l’action va fortement baisser ou augmenter. Il n’y a pas de monde parfait, ils comportent des avantages et des inconvénients. Si vous souhaitez plus de rémunération, c’est important de prendre plus de risques.

Lorsque l’on parle d’épargne, c’est important d’avoir son horizon d’investissement, dans combien de temps je vais avoir besoin de mon argent et cet horizon va déterminer la prise de risque que l’on peut avoir et les produits d’épargne sur lesquels on est éligible. C’est pour cela qu’il est important de s’entourer de professionnels, votre conseiller bancaire peut vous donner les premiers éléments ou une autre personne qui sera fiable parce que les charlatans existent. Ils vous prennent votre argent et vous font rentrer dans des pyramides de Ponzi. Il est important d’investir dans des produits fiables, vérifiés par l’État soutenus par l’AMF etc. Toute une réglementation existe pour aider les épargnants à faire les bons choix. Il est important de pas trop sortir des sentiers battus et de faire attention aux promesses trop extravagantes qui cachent en général une volonté de tromper.

Retrouvez l'épisode sur le site internet, le compte Spotify d'Investally ainsi que son application

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